Etre Charrette #PAC2020
ÊTRE CHARRETTE
Lorraine Thomas, James Tabbush
Une collaboration artistique qui réunit une oeuvre sculpturale (Charrette) de Lorraine Thomas, une vidéo de James Tabbush, l’histoire de l’objet et une grande amitié.
Etre Charrette, photo de l’installation, Emprise PAC 2020
Charrette, c’est un peu l’histoire de l’arche de Noé à l’envers. Elle quitte également un pays en rupture avec l’Europe. » (L T)
En 2013, Lorraine Thomas crée Charrette lors de la déconstruction d’une grande unité de stockage à Londres. Elle devient successivement unité de rangement, banc, lit simple ou double, objet familier de l’atelier, objet d’art de la galerie. Quatre ans plus tard, un divorce, le Brexit et l’objet devient le symbole de la maison minimum sur laquelle migrer. Démantelée pour son transport vers Marseille, le symbole de mouvement infini est aussi détruit.
“ Ce n’est pas Charrette que vous verrez exposée mais quelque chose d’entièrement nouveau” avait déclarée Lorraine avant d’aller chercher sa Charrette à Londres au mois de juillet. “ J’ai essayé de construire cette chose entièrement nouvelle, mais je me suis rendu compte que je n’avais besoin de rien – Charrette c’était une évidence, un objet, un symbole, une allié, et une évidence déconstruite n’est que chagrin. C’est un catalogue des parties de Charrette que vous voyez exposé, ren ne manque, rien n’a été ajouté, le squellette git dans sa propre envellope dans la galerie, comme si son histoire n’avait jamais commencée, ou que c’était la fin. C’est la mort de Charrette, le constat de l’impossibilité momentanée de cette qualité de transformation inhérente à toute chose dont je suis convaincue, c’est peut-etre la personnification du temps de pause necessaire à la reintégration de nouvelles données. L’objet me satisfait car il est ce qu’il est, un non-etre encore.
La vidéo de James Tabbush documente le processus de déconstruction / reconstruction de l’objet sculptural. Le film se penche sur la manipulation physique de l’objet, le temps, le désir d’assemblage, questionnant plus largement la vie des marchandises démontées puis emballées par les douanes, qui voyagent au-dessus de l’océan ou par voie aérienne, se reconstituant dans notre vie quotidienne, avec leurs histoires cachées. Dans le film, on voit rarement l’intégralité de ce qui se fait ou se décompose, seules les mains qui défont les liens, créent un nouvel ordre et cataloguent les restes. Entrant et sortant de la focalisation, ces actions font partie d’un processus plus large d’entropie et de réintégration.
Ci dessous une selection de photos qui rapelle l’histoire de Charrette.
Charrette, photo d’exposition, Turps Gallery, London 2016
Processus de dé-construction / re-construction, marseille 2020