CONSTRUIRE DES STRUCTURES – UN ESPACE-TERRITOIRE POUR LA REVERIE

Mon travail émerge du territoire de l’abstraction, comme l’architecte qui commence son travail par l’abstrait (le plan) et le conduit vers la réalité. Entre ces deux états, des moments, des lieux, des souvenirs et des désirs réapparaissent et deviennent quelque chose de nouveau. Il trouve des échos dans la théorie du rhizome de DELEUZE et GUATTARI qui permet des points d’entrées et de sorties multiples et non hiérarchisés dans l’interprétation et la représentation des données. Mon travail va de la réalité à l’abstraction, mais il construit aussi un pont entre ces deux états. Les structures et les détails du monde sont rendus abstraits dans des diagrammes qui peuvent ensuite être instanciés dans d’autres matériaux et dans d’autres contextes.

Le processus de création s’inscrit dans le contexte d’un intérêt pour les diagrammes, ainsi que d’une manière de penser l’art qui se crée selon la logique d’une fonction – l’œuvre comme «machine» pour migrer, pour mesurer, pour grimper, pour le sexe, l’argent…De réalisation de l’œuvre vient dans l’expérience, comme une performance où le réel et l’imaginaire se rencontrent. Dans cette re-configuration de la réalité et de l’imaginaire, le personnel (histoires, souvenirs) n’est pas séparé de l’impersonnel, de ce que je rencontre dans la rue, dans une galerie, dans un livre, dans les informations à la télévision, ou dans mon bain …Dans mon atelier, je peins et j’assemble, travaillant d’en haut comme un cartographe, ou d’en face comme le spectateur. En abordant mon activité de peintre, je dessine quelques lignes sur la surface avec une intention spatiale, à la recherche d’une structure assez ouverte pour y entrer physiquement et mentalement; juxtaposant gribouillis et mots écrits au crayon, aux aplats de peintures. Le long des marques que j’ai dessinées et de celles que j’imagine, invitant le regard du visiteur à suivre le mien; je ramène certaines choses « du monde  » à la surface, sur la toile.

Mon travail investit les notions de temps et de distance, de mesure et de perspective, et cartographie les déplacements et les migrations. La « surface » est un « territoire » et fait référence en couleur et en texture à la matérialité du monde : Elle est souvent grise comme le trottoir des villes, et couverte d’éraflures, de marques et d’empreintes et la mer est grise aussi. Je peins principalement avec des peintures acryliques, des mots, des flèches et des lignes de mesure sont visibles sur la surface. Je choisis mes matériaux parmi une large gamme de matériaux puisés dans la vie quotidienne et incluant parfois des « objets trouvés ». Un recyclage purement psychique par opposition à la fabrication d’un nouvel objet d’art qui elle est physique. Ainsi se créent de nouvelles connexions entre des éléments que je pensais ne pas rencontrer et de nouveaux points d’entrée pour rencontrer le monde.

Dans mes œuvres, la peinture est une fonction, passant de différentes perspectives, avec un espace pour que le spectateur puisse imaginer bouger, mesurer, prendre du recul et aussi se reposer. Mon travail est un travail abstrait qui peut contenir de l’air et de l’ouverture, de solides blocs de mémoire compressés qui permettent, en quelque sorte, une clarté immédiate. Le diagamme prenant un aspect libre et ouvert alimente les voyages, les événements et les pensées qui apparaissent et réapparaissent : L’espace se crée et se dé- construit : le tableau est dans un état de « devenir ».

 

Lire mon mémoire de Master (en anglais)

>>Mémoire de Master